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mardi 27 mars 2012

PLEURS -LLANTOS

 Fontaine en pleurs, Portugal, 

comment trouver la force
lorsqu'il n'y a plus rien à faire
lorsqu'il n'y a plus rien à dire..
seuls les sanglots témoignent
de cet irréversible destin
de mon cousin germain .
je sais pour l'avoir vécu,
pour l'avoir connu,
que rien ne remplace
celle qui a disparu.
d'aubes en crépuscules
notre propre vie
ne nous fait plus envie.
inutiles paroles,
sans accord ni couleur,
blafardes sans saveur
elles nous crèvent le coeur....
que se taisent les pleurs
pour laisser place à l'absence,
à la douleur incompressible,
au chagrin inévitable,
comme une sentence
défaisant l'alliance
de ces deux êtres
dont l'un est déjà en partance..
crier au désespoir,
hurler de douleur,
pour enfin comprendre
enfin apprendre
que tout et chacun se meure...
sans attendre.........

MARIE ANGE MURCIA

dimanche 25 mars 2012

NASREDDINE ALPHONSE- ETIENNE DINET

mausolée d'Etienne Dinet à Bou Saada
















                                             






















Endormi
Dans ton mausaulée
As tu toujours ce regard
Sur le hoggard?
Orientaliste à l’excès
C'est de ton pinceau
Que nous sont parvenus
Les témoignages de ces temps révolus.
Je reste admirative
De cette lumière créative
Je cherche 
Dans chacune de tes toiles
Les paysages de mon pays natal
Lorsque de ton choix tu t’arrêtas
Dans le coeur de Bou Saada
Savais tu déjà
Que tu resterais là..
Loin de cette France ou tu es né
De religion tu as changé
Une autre langue tu as parlé
Tout un peuple tu as croqué
Tu savais ce que tu voulais
Et c'est la bas que tu l'as trouvé...
Dans le désert,
Entre oued et palmeraies..


MARIE ANGE MURCIA

dimanche 18 mars 2012

MA FORCE




Allégorie de la Force et de la Sagesse, par Veronese (1580). 
je me suis souvent demandée
à quoi pouvait bien servir cette force
celle dont je suis pourvue
celle qui se dégage de tout mon corps
aujourd'hui je connais son utilité
à mon service sans faillir
grâce à elle je soulève
ma mater dolorosa ....
comme une enfant
je la transporte, je la supporte,
je la ballotte
de sa matière je suis faite,
de ses entailles je suis née
assurément pour l'aider,
maintenant je le sais...
mais qu'en ferai je après?
sans sombrer, sans désespérer....
ma force s'en ira t elle avec elle?
comme une Dalila décidera- t- elle
de me couper les ailes?
seule sur ma planète
les bras m'en tomberont peut être....

MARIE ANGE MURCIA

jeudi 8 mars 2012

EMIGRANTES









depuis maintenant quatre générations
les femmes de ma famille
ont vécu dans l’émigration..
humiliées, déracinées
sans cesse obligées de recommencer
dans la misère elles vivaient ...
au travail acharnées
leurs enfants elles nourriçaient
berçant dans leurs coeurs
les mélodies du bonheur..
sous un ciel étranger
elles sont restées..
de ma propre mélancolie
j'ose à peine imaginer
la souffrance supportée..
privée de ces liens
qui formaient leur communauté
de l’Andalousie ou elles sont nées
en Afrique elles se sont retrouvées
sans savoir qu'elles devraient encore déménager.
moi j'aurais voulu rester
alors j'y suis retourner
pour essayer d’arrêter la malédiction
de cette maudite immigration.
alors me voilà
pour témoigner de cela
pour rendre hommage à celles là
qui eurent le courage
de partir là bas..



MARIE ANGE MURCIA


samedi 3 mars 2012

MÉLANCOLIE

l'usine Bastos à Oran dans laquelle ma grand mère était cigarière et mon arrière grand mère  roulait les cigares
une aubaine pour toutes ces femmes dans la misère 
je ne sais pas quand
je sortirai  de là,
prise au piège depuis si longtemps
je ne connais rien d'autre que ça....
les yeux rivés vers l'horizon,
je n’écoute que les chansons
que j'entendais lorsque j’étais enfant..
le coeur bercé
par la langue de mes aînés,
j'ai grandi en parlant étranger,
de cet étranger,
qui nous permettait de manger..
comme une souffrance mal  digérée
j'ai les relents de ces années,
avec dans les yeux le merveilleux
avec dans le coeur rien de mieux.
à la recherche de mon destin
je réinvente les chemins
du temps ou l'on me tenait la main..
j'imagine dans ces photographies d'antan,
ce que nous faisions en ces instants,
coincés dans ces clichés
nous y seront pour l’éternité.
en remontant le temps
je peux dire précisément,
ma place, celle de mes parents,
la chaleur de ces moments,
la fureurs des évènements,
le désespoir d'un peuple en partance,
sans jugement ni sentence,
livré à l'errance....
adieu pays de naissance
je reste cet apatride en instances
de repentances, croyances et désespérances...

MARIE ANGE MURCIA